Portrait d’Artus-Hugues-Gabriel-Timoléon, comte de Cossé Brissac,

Premier maître d’Hôtel de Louis XVIII et Charles X

Huile sur toile rectangulaire

H.81 cm ; L. 65 cm

(cadre à vue ovale)

Nous tenons vivement à remercier Arnaud de Gouvion Saint-Cyr pour ses recherches fructueuses et la rédaction de cette notice.

 

Décorations :

-Notre homme est officier de l’Ordre de la Légion d’honneur. Il porte un insigne d’époque Seconde Restauration.

-Il est décoré de la décoration du Lys.

-Il est également chevalier de Saint Louis.

Les trois rubans sont à bouffette dans le plus pur style de la Restauration.

 

Uniforme :

Notre homme porte une grande tenue de la Maison civile du Roi (1815-1830)

Le motif de broderie est rigoureusement identique à celui de deux habits de chambellan de la Couronne connu, celui de Talleyrand conservé à Valencay, et un autre passé dans le commerce (Bertrand Malvaux, fig.1).

Le motif de broderie, doré, est de rinceaux feuillagés et plantes sauvages s’enroulant autour de motif fleuris sur le plastron. Le collet est brodé en suite, et enrichi à l’encolure de deux fleurs de lys héraldiques.

Seul le drap de fond change, les chambellans ayant du drap ou du velours bleu, et notre homme porte un habit de drap rouge.

Autre différence essentielle, le bouton qui est sur notre toile au modèle des officiers de bouche, tant sur l’habit que sur la ganse du bicorne : soit la fleur de lys, ceinte de deux cornes d’abondance, sous couronne royale (fig.2).

Notre homme porte à la main son bicorne à ganse reprenant le motif de broderie de l’habit, et sur le côté une épée utilisée par les Pairs de France et la Maison civile du Roi, à plaquettes de nacre ornée d’un motif au profil d’Athéna. Le clavier est orné des armes de France surmontant des cornes d’abondance. On comprend aisément que notre homme ait utilisé une telle épée : le clavier reprend le motif du bouton du Service du Bouche du Roi : les cornes d’abondance.

 

Identification :

Les représentations des membres de la Maison civile du Roi sont particulièrement rares et les règlements sur les uniformes de la Maison du Roi ne sont pas connus.

Le service de la Bouche du Roi était un office datant de l’ancien Régime.

Il était dirigé avant la Révolution par le 1er Maître d’hôtel.

Sous la Restauration, comme souvent, l’usage de l’ancien régime est repris.

Si le service est dirigé théoriquement par le Grand Maître de l’hôtel, le Prince de Condé et en survivance le Duc de Bourbon, cela n’est que purement honorifique.

C’est en fait le Premier maître d’hôtel qui a en charge la « Bouche du Roi », charge qui revient au vieux Duc d’Escars de 1815 à 1822, qui l’exerçait déjà avant la Révolution. Le Duc ne peut pas être notre sujet au vu de la jeunesse de ce dernier.

Ses subordonnées sont alors le 1er panetier, Cossé Brissac, le 1er échanson, le Comte de Rothe et le 1er tranchant St Priest (1818).

A la mort du « grand maître de la Cuisine » comme le surnommait Louis XVIII, c’est le 1er panetier, soit le comte de Cossé-Brissac qui prend sa place.

 

Artus-Hugues-Gabriel-Timoléon, comte de Cossé Brissac, nait le 3 janvier 1790 à Passy,

Il est issu d’une famille ayant exercé la charge de Grand panetier de France de 1547 à 1792.

Il était le fils de François-Artus-Hyacinthe (1749-1803), maréchal de camp.

Il émigre de 1792 à 1815.

Il est lieutenant colonel dans la Cavalerie à partir de 1815.

Il est comme on l’a vu premier panetier de France, puis chambellan et premier maître d’hôtel de Louis XVIII et Charles X.

Chevalier de l’Ordre de Saint Louis le 4 septembre 1822.

Bien référencé comme officier de la Légion d’honneur dans ses biographies (Dossier absent de la base Léonore).

Il est fait chevalier de l’Ordre de Saint Esprit en 1830.

Il meurt en 1857.

Il avait épousé le 24 novembre 1817 à Paris Marie-Antoinette Gabrielle de Sainte-Aldegonde dame d’honneur de la duchesse de Berry. Il aura deux filles, Stéphanie et Mathilde.

Il possédait le château et le domaine de Craon.

L’obtention de ses différentes fonctions et ordres de chevalerie nous permettent de dater notre tableau de la période 1822-1830. Cossé-Brissac a alors une trentaine d’années.

L’image de Cossé Brissac nous est connue, et de belle manière, par une aquarelle du Prince de Joinville (fig.3 et 4) qui nous raconte sa 1ere venue en 1824 aux Tuileries :

“Le premier évènement dont je garde un souvenir très précis est un dîner de famille aux Tuileries chez Louis XVIII, le jour des Rois 1824. Encore aujourd’hui, à soixante-six ans de distance, je vois tous les détails de cette soirée, comme si elle était d’hier ; notre arrivée dans la cour des Tuileries, saluée successivement par le poste des gardes suisses au pavillon Marsan, et de la garde royale au pavillon de Flore ; notre descente de voiture sous le vestibule de l’escalier de pierre, au bruit assourdissant du tambour des Cent Suisses. Puis, grand étonnement pour moi quand, au milieu de l’escalier, nous dûmes nous ranger pour laisser passer “la viande du Roi !” c’est-à-dire le dîner qui montait de la cuisine au premier étage, escorté par les gardes du corps.”

 

L’aquarelle de Joinville montre les gardes du corps du Roi et les huissiers montant vers les appartements du Roi, avec les jeunes Orléans les regardant passer.

En haut des escaliers, un homme vêtu d’un riche uniforme rouge, brodé d’or, à culotte et bicorne.

Il s’agit du même uniforme que le nôtre. Joinville a identifié cet homme et il s’agit bien du Comte de Cossé Brissac, premier maître d’hôtel du Roi.

 

Notre portrait est une représentation rare, voire unique, de ces services de la Maison du Roi, indispensables et appréciés du Souverain. Appréciés au point qu’ils prenaient le pas sur la venue des jeunes Orléans, volontairement ou non.

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