Pierre DUPUIS

(Orléans 1833 – Bréhat 1915)

Jeune couturière (fille de l’artiste ?) à Bréhat

Huile sur toile

H. 64 cm ; L.  53 cm

Signée et datée 1894 en bas à gauche

Après une enfance passée à Blois où son père est artiste peintre et professeur de dessin au collège, Pierre Dupuis entre aux Beaux-Arts de Paris en 1848 et fréquente les ateliers d’Horace Vernet et de Léon Cogniet. Deuxième grand prix de Rome de peinture en 1863, il effectue une carrière de peintre académique avec des sujets mythologiques, historiques, religieux, et allégoriques, recevant plusieurs commandes publiques, et obtenant médailles et récompenses au Salon et aux Expositions universelles.

 

Pierre Dupuis est également, dès ses débuts, un portraitiste de talent, qui trouve ses modèles dans le « grand monde »; mais au début des années 1890 il semble être attiré par des sujets plus intimistes et familiaux.
Il expose ainsi un Portrait de ma fille aux Salons de Paris de 1891 et de 1893 (peut-être le même tableau).
Notre jeune couturière à la coiffe bréhatine est-elle alors une jeune fille du cru venue exécuter quelques travaux, ou bien la fille de l’artiste ? Nous opterions volontiers pour la seconde hypothèse car il semble exister une réelle complicité familiale entre le peintre et son modèle. Par ailleurs, Pierre Dupuis, suite à son mariage avec Catherine Chanel en 1869, avait eu deux filles: Marie-Jeanne-Catherine, née en 1872, et mariée à Bréhat en 1897; Valentine-Catherine-Suzanne, née le 9 novembre 1876 à Paris et mariée à Bréhat en 1902 avec René-Emile Henry, un marin de l’île. Au vu de ce visage de jeune fille, presque poupin, nous pencherions plutôt pour le portrait de Valentine, alors âgée d’environ 17 ans et demi. Notons également que Dupuis exposa au Salon de 1899 le Portrait de Mlle V. D…, correspondant vraisemblablement à l’effigie de sa fille Valentine.
Toujours est-il qu’il se dégage un grand naturel de ce portrait, du à l’attitude du modèle (qui, venant d’interrompre son ouvrage, se retourne vers le spectateur, une main posée sur le rebord de la fenêtre, l’autre tenant habilement les deux aiguilles), et de détails comme le fil déroulé de la pelote, les reflets de lumière sur les vêtements, les vitres et les rideaux, et ceci malgré la théâtralité de l’organisation, avec la fenêtre ouverte sur un paysage divisé entre végétation et le ciel avec au milieu un bout de littoral.

 

L’île de Bréhat, au large de Paimpol, est en quelque sorte la seconde patrie de Pierre Dupuis, qui la découvre au milieu des années 1880 et lui restera fidèle jusqu’à sa mort; il y possède une maison/atelier, située dans le quartier Saint-Michel, au nord-ouest de la partie sud de l’île. C’est dans cette maison que se situe vraisemblablement la scène de notre tableau, avec une échappée visuelle vers l’anse de la Corderie, qui sépare les parties sud et nord de l’île.
Nous retrouvons dans notre peinture la même atmosphère que dans le tableau acquis en 2014 par le musée des Beaux-Arts de Quimper, exposé au Salon de 1894, Moissonneuses (île de Bréhat, Bretagne).

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