Jean-Marie Valentin
(1823-1896)
La Descente de croix
Terre cuite
H. 63 cm ; L. 39 cm ; P. 29 cm
Signée sur la gauche de la terrasse
Circa 1850-1860

« Il fut un sculpteur chrétien qui, comme ses ancêtres du Moyen Age, sut imprimer les œuvres dont il a rempli, je ne saurai dire combien d’églises, du sceau de l’art et de la foi. »

Journal de Rennes, 13 août 1896

 

S’il a exposé certaines de ses créations au Salon de Paris dans les années 1880, – dont le monument de Saint Yves à Tréguier, qui lui a valu une mention honorable -, c’est principalement en Bretagne que Jean-Marie Valentin s’est fait connaître comme l’un des principaux contributeurs au décor des églises. Pour se rendre compte de l’importance de son œuvre, il suffit d’énumérer les villes où ce sculpteur et architecte a laissé des autels, des statues, des monuments funéraires : Rennes, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Thual, Saint-Malo, Dinard, Saint-Jouan-des-Guérets, Sainte-Anne d’Auray, Saint-Méen-le-Grand, Guingand, Lannion, Sillé-le-Guillaume, Redon, Plélan-le-Grand, Bain-de-Bretagne, Saint-Ganton, Dol-de-Bretagne… Encore la liste n’est-elle pas exhaustive !

 

Fils d’un maître menuisier ébéniste, Jean-Marie Valentin se fait remarquer dans l’atelier de son père par ses dispositions artistiques. Placé à l’école des beaux-arts de Rennes, il suit les cours de Jean-Baptiste Barré pour la sculpture, de Jourgeon et Briand pour le dessin. Puis il se rend à Paris où l’accueille François Lanno, un sculpteur rennais installé dans la capitale. Après avoir fréquenté divers ateliers aux Beaux-Arts, il choisit d’entrer dans celui de François Rude, qui aura à son égard des propos louangeurs. En même temps, il lit abondamment, étudie l’anatomie, apprend l’histoire, le grec et le latin. Vers 1850, il revient se fixer à Rennes, tout en gardant un pied à Paris (il aura un atelier boulevard du Montparnasse). Se spécialisant dans la statuaire et le mobilier religieux, il décroche une première grande commande, une chaire érigée dans l’église Sainte-Croix de Saint-Malo, offerte en 1858 par l’empereur Napoléon III. Dès lors les chantiers s’enchaîneront, comprenant des autels, des chemins de croix, des statues et des gisants de notables ecclésiastiques rennais, comme celui consacré au cardinal Brossay Saint-Marc dans la cathédrale (nous y trouvons également tout le Chemin de Croix) ainsi que celui de Mgr Gonindard, celui érigé en l’honneur de l’Abbé Meslé à Notre-Dame-en-Sainte-Melaine où nous retrouvons également une statue de la Vierge et les deux anges du maître autel.

Pour reprendre l’écrit de Paul Valentin qui a consacré un mémoire à l’artiste dans les années 1920, la liste des œuvres réalisée pour des lieux Rennais se complète.


“Si nous devions invoquer tous les travaux qui furent exécutés par l’artiste Valentin, la liste serait longue. Rien que dans la ville de Rennes, nous en rencontrions à chaque pas, citons donc au hasard : Dans l’église Saint Germain, l’autel de la Vierge orné de douze statues, dans l’église de Saint Helier quatre statues et un groupe, à la chapelle du Collège Saint Martin un ponton au dessus de la porte principale, sculpture décorative. Chapelle de l’œuvre de la Jeunesse quatre grandes statues. Chez les Petites Sœurs des Pauvres, à la chapelle des Carmes, à la chapelle des Missionnaires, Nous trouverons également les œuvres de l’artiste à l’hospice Saint Melaine, une grande statue dans le jardin du Séminaire. A Saint Laurent, Trois grandes statues, deux bas reliefs et deux statuettes…”

 

Bien qu’elle puise des références dans la statuaire religieuse de la fin du Moyen Age ou dans la peinture sacrée du Grand Siècle, notre belle Descente de croix se montre aussi en phase avec les artistes qui rénovèrent la peinture sacrée à l’époque romantique, tels Hippolyte Flandrin, Henri Lehmann (La Vierge au pied de la croix) ou Théodore Chassériau (Descente de croix). Une réelle émotion, – due peut-être à la culture classique de l’auteur autant qu’à sa foi -, passe à travers cette sculpture et lui évite toute banalité saint-sulpicienne. L’objet correspond-il à un modello ou à une œuvre autonome ? Jean-Marie Valentin pouvait donner corps à des groupes aussi ambitieux, comme le montre l’autel réalisé pour l’église Notre Dame d’Emeraude de Dinard. C’est en tout cas devant une petite terre cuite du même esprit, une Sainte Famille, qu’il choisit de poser encore jeune pour un portrait attribué à Léon Brune et datable sans doute des années 1850 (ill. 5). Son habit noir y semble plus la robe d’un prêtre que le tablier d’un artiste !

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