Jules Ambroise François NAUDIN

(Paris 1817 – c.1876)

Le Tasse arrivant chez sa sœur à Sorrente

Huile sur toile

H. 49 cm ; L. 37,5 cm

Signée en bas à droite

Exposition : 1852, Salon de Paris, sous le numéro 959

 

Œuvre en rapport : Gravure par Jean-Denis Nargeot en 1852

 

Bibliographie : L’Illustration, 24 avril 1852, gravé par Best, Hottelin et Regnier, d’après un dessin de Valentin) et reproduit p.260, cité p.262 ; La Mode : Revue politique, religieuse et littéraire, 1852, cité ; Journal des Demoiselles, 1852, gravé par Nargeot et reproduit ; Almanach de la littérature, du théâtre et des beaux-arts, 1853, p.35, cité. 

Elève de Léon Cogniet, Jules Naudin débute au Salon de Paris en 1838 et y exposera jusqu’en 1876, année supposée de son décès, essentiellement des portraits et des sujets religieux ou d’histoire. En 1838 et 1841, il concoure pour le Grand Prix de Rome de peinture au sein de l’école des Beaux-Arts et remporte un Second Grand Prix en 1841.

Son épouse Henriette Demours lui donne un fils né en 1853, Charles Edouard, qui se dirigera vers la sculpture et l’architecture après une formation aux Beaux-Arts de Paris. Charles-Edouard lèguera au Musée du Louvre une série de dessins de son père représentant des italiens en costumes régionaux, situés sur chaque feuille. Cette donation témoigne des voyages de Naudin en Italie et donc de la réalité stylistique de ses compositions, dont notre toile est un exemple.

 

En 1852, lui est commandé pour l’Hospice de Mont Genèvre une copie du tableau de David représentant Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard. Quelques années plus tard, Le Christ qui couvre de son manteau les pauvres et les orphelins sera acquis par l’Etat et placé dans l’église Saint Front de Ribérac (Dordogne), tout comme La Vierge avec l’Enfant Jésus qui cueille une branche de cyprès, qui rejoindra l’église de Luzarches (Val d’Oise) à la suite du Salon de 1865. Deux ans plus tard, l’Etat lui achète un Ecce Homo, placé ensuite dans la chapelle du lycée de Clermont-Ferrand.

 

Notre tableau dut connaître un certain succès au Salon de 1852 puisqu’il fut gravé à deux reprises et publié dans L’Illustration et le Journal des Demoiselles.

L’Illustration le décrit ainsi : « Ce petit tableau est assez bien composé, et peut fournir le sujet d’une gravure agréable ; mais il y a lieu de reprocher à la peinture l’égalité de la touche lisse et l’uniformité de la teinte, quelle que soit la variété des objets, chair, étoffes ou terrain ».

L’article critique sur le Salon de 1852 de L’Almanach de la Littérature, du Théâtre et des Beaux-Arts distingue notre œuvre, dans la catégorie des tableaux de genre, comme une de celles « ayant reçu les suffrages du public connaisseur ».

De même, notre tableau est sorti du lot dans l’article sur le Salon paru dans le numéro du 5 juillet 1852 de La Mode : revue politique, religieuse et littéraire : « Nous avons débarrassé de cet inextricable fouillis de médiocrité une toile de M. Jules Naudin, qui a des qualités … », faisant partie de « … celles qui nous ont paru le plus mériter d’être signalées à l’examen du public ».

 

Notre œuvre représente le moment où, en 1577, le célèbre poète italien Torquato Tasso dit Le Tasse (né à Sorrente en 1544), alors qu’il était emprisonné à Ferrare par la famille d’Este suite à un incident, s’évade et vient rejoindre en novembre sa sœur Cornélia vivant à Sorrente. Accueilli avec bonté, il reste quelque temps auprès d’elle, mais décide d’aller à Rome à la fin janvier 1578.

La vie rocambolesque du Tasse sera illustrée par de nombreux artistes au XIXème siècle, entre 1810 et 1870, dans la peinture d’histoire en France, au moment où son œuvre connaît un regain d’intérêt : Menjaud, Franquelin, Fleury Richard, Dejuinne, Larivière, Clérian, Achille Deveria, Granet, Louis Gallait, Eugène Delacroix…

Quant à notre sujet en particulier, il est traité une première fois par Louis Ducis en 1812 (le tableau sera acheté par l’Impératrice Joséphine), au sein d’un cycle consacré au Tasse, puis par Alfred de Curzon en 1859 (cité plus haut) ou encore par Nicaise de Kayser (Cornilliet en tire une gravure exposée au Salon de 1863).

 

Le livret du Salon de 1812 légende ainsi le tableau de Ducis : « En rentrant chez elle, il s’annonça comme un messager qui lui apportait des nouvelles de son frère. Sa sœur ne le reconnut pas ; elle ouvrit la lettre où le malheureux Torquato se représentait dans la position la plus cruelle. La tendre Cornélia, en lisant ces effrayantes nouvelles, témoigna une si vive douleur, que le Tasse ne put soutenir son déguisement et se hâta de la consoler en se jetant dans ses bras ».

En 1859, le tableau de Curzon est ainsi décrit : « Égaré par son imagination maladive, il s’était enfui de Ferrare. Il arrive chez sa sœur, déguisé en berger et lui présente une lettre où il se dit dans le plus grand danger. De douleur, Cornélie va tomber évanouie. Le Tasse jette son manteau, se fait reconnaître et la retient dans ses bras ».

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