Emile Charles Julien de LA ROCHENOIRE

(Le Havre, 1825 – Paris, 1899)

Une ferme en Normandie

Huile sur toile

H. 38 cm ; L. 52 cm

Signée en bas à gauche et monogrammée JDLR en bas à droite

Cachet de cire de la collection Corot

Provenance : Camille Corot, ami de l’artiste.

 

Bibliographie : Sophie Monneret, L’Impressionnisme et son époque. Dictionnaire international illustré, Denoël, 1978

Julien de La Rochenoire a été l’un des plus fervents opposants à l’art officiel, dans les années précédant l’éclosion de l’impressionnisme. Elève de Léon Cogniet, de Charles Gleyre et de Constant Troyon, il fut un bon paysagiste et peintre animalier qui figura au Salon de 1857 à 1878. Mais c’est par son tempérament frondeur et sa violente opposition aux institutions artistiques qu’il est resté dans l’histoire. Dès 1855, on lui interdisait de publier un pamphlet intitulé Le Salon de 1855 apprécié à sa juste valeur pour un franc. Ami de Daubigny, de Corot ou de Manet, il se fit le porte-parole des novateurs à l’occasion du Salon de 1870, en proposant que le jury du Salon soit formé d’artistes ayant déjà exposé et non pas seulement de peintres arrivés et de membres de l’Institut. La liste qu’il proposa sans succès au ministère contenait les noms de Corot, Courbet, Daumier, Daubigny, Millet, Manet, etc. (Corot s’inquiétait d’ailleurs que l’on puisse suggérer le nom de Manet, qu’il n’appréciait guère !) La Rochenoire assista par la suite aux pourparlers qui précédèrent la première exposition du groupe impressionniste chez Nadar en 1874. Mais lorsque Claude Monet lui demanda d’y participer, le Normand déclina l’offre, ce dont Monet informa ainsi Pissarro : « J’ai vu aujourd’hui le terrible La Rochenoire qui dit s’être trop occupé de ces questions-là dans sa vie et ne veut plus s’en mêler. »  

 

D’une tonalité plus claire que l’ordinaire de Barbizon, peint comme un fourmillement bien ordonné de taches de couleurs, notre tableau s’apparente aux paysages de la génération pré-impressionniste des années 1860 – celle de Boudin, de Daubigny et d’autres novateurs qui cependant ne participèrent pas à la révolution picturale de la décennie suivante. Dans un savant patchwork, les branches des arbres et leurs feuillages s’entremêlent en laissant voir des morceaux de ciel et des éclats de lumière sur la toiture de chaume d’une ferme normande. La Rochenoire a peint une autre version plus fade de ce tableau (passée en vente publique en 2013) qu’il devait suffisamment estimer pour le transmettre à son ami Corot.

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