Nicolas de LARGILLIERRE 

(Paris 1656 – 1746) 

Portrait du président à mortier au Parlement de Bourgogne, 

Philibert Bernard Gagne de Périgny (1689-1759) 

Huile sur toile 

H. 81 cm ; L. 65 cm

Œuvre en rapport : Portrait du président de Périgny assis, collection Wimpfheimer, New York (milieu du XXe) 

Fils d’un chapelier parisien, Nicolas de Largillièrre s’installa dès l’âge de trois ans à Anvers, avec ses parents. Après un séjour d’une vingtaine de mois à Londres, en 1665-1666, il est placé dans l’atelier du peintre anversois Antoon Goubau (1616-1698), spécialisé dans les bambochades. Collaborant rapidement aux œuvres de son maître, qui le laisse peindre des amoncellements de fruits et de légumes, Largillièrre parfait son éducation au contact des œuvres de Pierre-Paul Rubens et de son entourage. Un second séjour à Londres, entre 1675 et 1679, lui permet d’approfondir sa connaissance des natures mortes flamandes et de s’approprier la manière de Van Dyck. Après que Sir Peter Leley (1618-1698), premier peintre du roi Charles II, lui eut confié quelques travaux de restauration de peintures par le portraitiste, Largillièrre assiste le peintre italien Antonio Verrio (1639-1670) pour les décors des appartements royaux du château de Windsor. En dépit de mesures de protection prises à l’égard de Verrio et son équipe (dont un certain « Nicholas de Lauzellier » derrière lequel il faut comprendre Largillière), les persécutions qui visent les catholiques incitent le peintre français à quitter l’Angleterre pour s’installer à Paris. Introduit auprès du puissant Charles Le Brun (1619-1690), le succès du portraitiste est alors immédiat : agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 6 mars 1683, Largillièrre y fut reçu le 30 mars 1686 sur présentation du célèbre Portrait de Charles Le Brun (Paris, musée du Louvre). Les commandes privées affluent alors, entraînant dans leur sillage des commandes officielles, émanant notamment des échevins de la Ville de Paris. 

 

Parallèlement, le portraitiste réalise une brillante carrière d’enseignant au sein de l’Académie, puisqu’il est successivement nommé professeur en 1705, recteur en 1722, chancelier en 1733, puis directeur de 1738 à 1742. Ce n’est que l’année suivante, à un âge avancé, que Largillièrre pose définitivement ses pinceaux.  

 

Nicolas de Largillièrre a été au tournant du XVIIIe siècle, avec son rival Hyacinthe Rigaud (1659-1743), le portraitiste le plus célèbre de France. L’intérêt que son œuvre suscite aujourd’hui auprès du public comme des amateurs et historiens de l’art répond parfaitement à sa vogue passée. Son corpus se compose de plusieurs centaines de portraits, de sujets religieux, de natures mortes et de rares dessins, essentiellement des académies. Tout au long de sa carrière et, encore de nos jours, l’artiste ne cesse de fasciner.  

 

Issu d’une grande lignée parlementaire de Dijon, Philibert Gagne de Périgny a couronné ce nom par ses hautes responsabilités. Connu de tous encore aujourd’hui au sein de la capitale de Bourgogne, de par sa longévité mais surtout, en raison de son influence parmi la société des magistrats dijonnais. Seigneur de Perrigny en 1711, conseiller du roi, il devient président à mortier au Parlement de Bourgogne à seulement 25 ans, le 27 mai 1715. Par son mariage avec Jeanne-Marie de Thésut, fille de Jean de Thésut, sieur de Ragy, il s’établit aussi en Bresse. Il gagne surtout en influence grâce à ce beau-père, intendant du gouverneur de Bourgogne et ayant ses accès à Versailles. Au milieu du siècle, au faîte de sa puissance, ce notable entreprend une série de travaux dans ses domaines de la plaine dijonnaise. Son fils sera maître des requêtes à Paris et gouverneur de Louhans. 

 

C’est très certainement au cours des années 1715/18 que Nicolas de Largillièrre réalisera dans son atelier le portrait de Périgny, après que ce dernier ait accéder au poste de président à mortier au parlement de Bourgogne. Très certainement au même moment, Largillièrre réalise le portrait de son épouse Jeanne. 

Une autre version de notre toile est connue par la documentation, mais malheureusement non localisée. Dans les années 1960, elle se trouve au sein de la grande collection Wimpheimer aux Etats-Unis. Celle-ci, de plus grand format reprend la même base de composition que notre portrait, tout en ajoutant pratiquement la totalité du corps assis, et les mains reposant sur la table et les bras du fauteuil. Les fourrures d’hermine représentées avec la plus grande fidélité comme la robe rouge vif qui a conservé toute sa splendeur, sont des éléments notoires de l’œuvre de Largillierre. La carnation typique de l’artiste, avec les joues rosées, les visages rondelets et attendrissants par leurs grands yeux sont encore plus de détails de charme. Le critique Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville (1680-1765) écrivait à son sujet dans le troisième tome de l’Abrégé de la vie des plus fameux peintres, publié en 1752 : « On trouve dans ses ouvrages un pinceau frais, une touche légère et spirituelle, un génie abondant, un dessin correct, des têtes et des mains admirables, des draperies savamment jetées… Comme il travalloit très vite et qu’il ne tourmentoit point ses couleurs elles conservent encore une fraîcheur, une vivacité et un moelleux digne de Van Dyck ». 

ACQUIS PAR LE MUSÉE GRAND SIÈCLE
VIA LA GALERIE L’HORIZON CHIMÉRIQUE

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