Gaston HOFFMANN

(Paris 1883 – Nice 1977) 

Désintégration 

Huile sur toile 

H. 54 cm ; L. 81 cm 

Signée en bas à droite 

Provenance : Descendance de l’artiste.

Les peintures de Gaston Hoffmann se rencontrent rarement, mais ne s’oublient jamais. Soit qu’elles dégagent une sorte de poésie burlesque du quotidien, soit qu’elles réintroduisent en pleine période moderne l’esprit surréaliste de Bosch ou de Brueghel, il émane toujours d’elles une euphorie, un humour, une inventivité unique qui donnent à qui les regarde un moment de bonheur. Jean Veber, son prédécesseur au Salon des Humoristes, fut de toute évidence l’un de ses modèles. Mais ses immenses tableaux, qui fourmillent de dizaines de petits personnages comiques, évoquent aussi des Devambez passés de la miniature au gigantisme…  
 


Il est d’autant plus surprenant de découvrir, chez ce maître lorrain enclin à la gaîté, d’aussi sombres allégories que celle que nous présentons. S’en étonner serait oublier que Hoffmann fait partie de cette génération qui, dans sa chair et son âme, a été marquée au fer par la monstrueuse absurdité de la Première Guerre mondiale. Un temps que naïvement nous espérions nous-mêmes être enfin révolu ! Notre tableau, certainement datable du conflit ou de ses lendemains immédiats, est suffisamment éloquent pour qu’il soit inutile de l’expliquer. Remarquons seulement que l’artiste ne recourt pas au reportage de guerre, comme nombre de ses contemporains.  
 


Dans ce tableau qu’il titre « Désintégration », Hoffmann choisit la voie du fantastique et s’inscrit dans la tradition millénaire des visions de l’Apocalypse. Mais cette Mort hurlant la fin du monde, en même temps qu’elle sort d’une danse macabre médiévale, préfigure les moyens les plus modernes de destruction – avec ces globes crachant le feu qui semblent pourvus d’une force nucléaire. Ces oeuvres dérangeantes, – parce que leur but est de nous rappeler la folie inhérente à l’Histoire, non de nous plaire -, méritent de figurer dans une imagerie intemporelle de la Guerre, à la suite de cet autre Lorrain qu’est Jacques Callot. Peut-être le plus extraordinaire est-il qu’après avoir été témoin de cette noirceur, après en avoir extrait l’essence picturale, Gaston Hoffmann ait pu au long de sa carrière créer les images les plus joyeuses qui soient ! 

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