Attribué à Godfried SCHALKEN
(Made 1643 – La Haye 1706)
Jeune pêcheur à la ligne
Huile sur panneau d’une planche
H. 32,5 cm ; L. 25,5 cm
Vers 1670/75
Œuvres en rapport :
– Version autographe avec nombreuses variantes, Berlin, Gemaldegalerie, Inv. N°837
– Copie ou version d’atelier de notre tableau avec légères variantes mais de qualité inférieure, Allemagne, vendu chez Berlinghof Auktionshaus en 2002
L’objet de cette notice n’est pas de réaliser une biographie de Schalken dont vous trouverez l’ouvrage de référence par Thierry Beherman publié chez Maeght en 1988. Le but est ici de comprendre cette version d’un tableau d’une formidable facture et de le comparer à l’œuvre conservée à Berlin avec ses nombreuses variantes pour en tirer quelques hypothèses de conclusions.
Notre jeune pêcheur à la ligne est un sujet très intéressant que l’on retrouve dès le XVIe siècle pour invoquer l’un des quatre tempéraments. Non pas la mélancholie comme on pourrait le penser à première réflexion, mais le caractère flegmatique. L’interprétation des symboles astrologiques mit en liens étroits la pêche et le flegme, la paresse, la lenteur, souvent représentés aux côtés de la lune.
Ici la composition est très claire en ce sens. Le jeune homme, menton appuyé sur son bras, regarde sa modeste canne dont il fait tremper le bouchon aux côtés d’escargots et de papillons situés dans les Iris. Le tout auprès d’un saule sous un ciel lourd, comme un ciel nocturne. Tous les éléments sont là pour donner l’explication du sujet et ne pas laisser le spectateur devant une simple scène de genre. Revenons sur le saule, arbre qui perd ses fruits avant leur maturité. Il est souvent considéré comme un symbole de la jeunesse perdue, référence à la passivité ou à des temps de débauche. Platon conseillait en son temps de bannir la pêche de l’éducation des enfants puisque c’est une activité d’attente et non d’exercice ou de réflexion. Inutile d’expliquer la présence des petits animaux lents et aux vies courtes ou des fleurs… L’image parle d’elle-même !
Revenons aux différences entre la version de Berlin et la nôtre dont il faut reconnaître que la qualité est légèrement inférieure et peut donc difficilement être donnée avec certitude à Schalken lui-même. Cette version dispose de quelques éléments supplémentaires par rapport à la nôtre. La rangée de saules taillés en trognes situés à gauche de la composition est remplacée dans notre version par une simple zone de roseaux qui permet d’ouvrir vers un ciel lumineux. Le ciel est lui aussi différent par les nuages représentés.
Un papillon blanc volant au milieu des Iris a été supprimé tout comme une large feuille située dans le dos du jeune pêcheur au pied du saule.
Seule addition à notre tableau en plus de la version berlinoise : un second poisson auprès du pot de terre.
Que conclure de ces variantes ? Une version commandée à Schalken, simplifiée et réalisé en partie par le maître pour les fleurs, les animaux et divers détails puis confiée à un de ses meilleurs élèves pour les fonds ? En tout cas, ce panneau a été vu par la suite puisqu’une copie existe, passée sur le marché de l’art en Allemagne au début des années 2000, à laquelle cette fois a été supprimé le second poisson.
Quoi qu’il en soit, la qualité de notre tableau est indéniable et son petit format adjoint à la lumière typiquement Hollandaise en font un formidable objet.